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| Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: TODAY YOU WERE FAR AWAY. Lun 18 Juin - 8:57 | |
| William Ewen Shepherd " loyal perdu travailleur nerveux "
NOM(S) ∞ Shepherd PRÉNOMS ∞ William Ewen SURNOMS ∞ Will DATE ET LIEU DE NAISSANCE ∞ 14 mai ; Houston, Texas ÂGE ∞ Vingt sept ans NATIONALITÉ ∞ américain MÉTIER/ETUDES ∞ Sergeant 1st class, US Army SITUATION FINANCIÈRE ∞ aisé STATUT CIVIL ∞ en couple GROUPE ∞ life is a killer AVATAR ∞ Sebastian Stan EST-IL UN SCÉNARIO ? ∞ nope CRÉDITS ∞ tumblr - Spoiler:
votre pseudo ∞ Poltergeist votre prénom ∞ Raphaëlle un petit surnom qui vous colle au teint ? ∞ Raph', boubi, grosse pute. région/pays ∞ Francia votre âge vingt ans
Dernière édition par Will Shepherd le Ven 13 Juil - 19:54, édité 5 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: TODAY YOU WERE FAR AWAY. Lun 18 Juin - 9:00 | |
| votre histoire
Le soleil frappe sans cesse, il brûle chaque surface de peau découverte, une griffure acide qui vous rappelle où vous êtes, où l'on vous a envoyé au plus profond de votre chaire. Dans un désert sans vie, où la seule mention utile est ce qu'on vous a enseigné, est de vous souvenir que vous n'êtes pas ici pour vous, mais pour les autres. Pour ces femmes qui continuent leurs journées paisibles en attrapant la main de leur gosse, votre gosse, pour l'emmener à l'école. Vous êtes là pour eux, pour leur donner ce sentiment de sécurité, préserver ce que vous avez toujours connu. On est loin d'être des héros, des soldats balancés dans la fournaise et bordel, contents de se battre. On est une bande de frère maintenant, rien à foutre de qui on pouvait être avant d'enfiler cet uniforme, rien à branler du nom, de l'origine sociale, tout ce qu'on sait, c'est qu'ici, on n'est pas seul. La centaine d'hommes du régiment, et les milliers de civils qui regardent l'avancée à la télévision, chaque soir. Dos collé contre un piquet de tente, rangers à fouler le sable, clope fumante coincée entre les lèvres, je gratte le papier avec un stylo sur le point de rendre l'âme. Onze mois, deux semaines, quelques jours, et une centaine de lettres pour celle qui m'attendait à la maison. La lettre s'envole, récupérée par Jett, un sourire moqueur sur les lèvres. « Lana, tu me manques, pas un jour ne passe sans que je pense à toi... » Voix parodiée, mielleuse, qui fait rire Rosenwald et Cortez, m'arrache un soupir. Il continue sa lecture à haute voix, tenant la lettre d'une main, l'autre dansant en moulinets ridicules. Longue latte tirée sur ma malboro, je me redresse, sourire amusé. « Rend moi ça Jett. ». Les lettres sont comme un rituel, le moyen de garder contact, dans une parade informelle. On le fait tous, on passe des foutus heures à parler de nos femmes, fiancées, petites amies, de la vie qu'on aimerait leur offrir une fois qu'on sera rentrés. De tout ce qu'il y aura à rattraper. Le temps semble être mis entre parenthèse, enfermés dans une bulle à des milliers de kilomètres. La copine de Cortez était enceinte quand il a été appelé le même jour que moi. L'absence est une putain vicieuse, elle conforte autant qu'elle blesse. « Sergent, permettez moi de vous dire que votre romantisme manque aux terrains de combat. » Jett se tient droit, regard fixe quelques secondes et j'éclate de rire, récupérant la lettre. « J'irai réciter des vers à ces putains de rebelles quand on les ramènera au camps demain. » Jett secoue la tête, m'envoie une droite sur l'épaule en se marrant. Mission programmée dans un village, à l'Est de Samarra. Rien de très dangereux. On entre dans le village, on repère les types qui s'y cachent, et on rentre au camp. Mes hommes, et ceux du sergent Jefferson. Routine. Les pas claquent sur le carrelage brillant, d'un blanc à vous rendre aveugle. Jambes croisées, je pianote nerveusement sur le bras du fauteuil, mordillant ma lèvre inférieure. La porte claque, suivit de l'éternel raclement de gorge, le sourire poli mais las du docteur Hammond. Il s'assied face à moi, même fauteuil légèrement en diagonale, créer une distance respectable avec le patient, sans pour autant le mettre de côté, un truc appris à l'école, censé gagner la confiance du patient. Demain, je pourrai enfin quitter cet hôpital, ce hangar pour mutilés. On huma la mort à chaque couloir, elle brûle les narines, fait éclater les sinus. L'angoisse est palpable, le retour au pays est plus cruel que bénéfique. Un animal qu'on place dans une cage aux murs de verre, qu'on observe, qu'on abreuve de morphine et qu'on annihile par les thérapies répétées. Hammond marque une pause, détaille mon visage, les mains jointes, cachant ses lèvres. « Comment vous sentez vous Sergent ? » Je me laisse glisser vers l'arrière, paumes en évidences, moue amusée sur le visage. « Comme neuf. » La douleur est sinueuse, une vague empoisonnée qui lacère la chaire jours après jours. Il hoche la tête, attrape son éternel calepin, noir d'encre à force de noter ses conneries dessus. Je n'ai jamais eu foi en ce genre de personne, capables de diagnostiquer n'importe quoi sur un contre sens. Mais ma sortie repose sur son avis, celui des médecins étant maintenant favorable. « J'ai entendu dire que les médecins étaient favorables à votre réinsertion à la base. Vous devez sûrement être impatient de revoir votre petite amie. » Je plisse les lèvres, incline le menton en signe affirmatif. Renvoyé aux États Unis depuis maintenant trois semaines, je n'avais pas pu la voir, n'avais pas voulu qu'elle vienne me voir, pas comme ça. Pas dans cet état. « Ce soir oui. » Son air calme m'énerve, cette sorte d'hébétude bovine qu'il crache à tous les patients, ses sourires qu'il nous lâche avec une douceur lasse. Un mélange de condescendance de sa place de dominant, de médecin diplôme de je ne sais quelle université. Là pour aider, que dalle. J'ai connu des centaines d'hommes plus braves que ce fonctionnaire habitué à ses manuels. Jugement inévitable. « Vous êtes content de sortir ce soir, ou de revoir Lana ? » Je tourne la tête, yeux fixant maintenant les grandes baies vitrées derrière lui. Coude posé sur le bras du fauteuil, l'index et le majeur viennent soutenir ma tête, en appuie sur la tempe. « J'ai passé quatre heures, chaque semaine, dans ce foutu bureau, vous pouvez me dispenser de ce genre de question piège pour mon dernier jour. » Nouveau raclement de gorge, Hammond se redresser légèrement pour retrouver une position plus confortable, adoptant la même posture que la mienne. La boule d'énervement commence à se former, lente, et je bouge à mon tour, croisant les bras sur mon torse. « Justement, en trois semaines, nous avons parlé de beaucoup de choses. Vos entraînements, votre enfance, Lana, mais jamais de l'Irak. » Rupture. Je baisse le menton, décrochant mes yeux du jardin de l'hôpital pour contempler ce foutu sol immaculé. Crevez moi les yeux. « Il n'y a rien à en dire. » Ton sec, Hammond semble jubiler sur son fauteuil, derrière sa raideur cadavérique. Césure parfaite. « Vous avez reçu la médaille d'honneur Sergent, vous êtes un héros. » Je laisse entendre un rire acerbe, les mots ressemblent à des poignards acides. « Mon empire s'est construit sur un tas de sable. » Il marque une de ses fameuses pauses. « Comment vous êtes vous blessé William ? » « Lisez mon rapport. » En appuis sur le siège, je me redresse, la douleur lancinante de la brûlure, des côtes brisées mais soignées m'arrêtant dans mon élan. Je laisse échapper un soupire, avance de quelques pas vers la fenêtre donnant sur le grand parc de l'hôpital. Front collé contre la vitre froide, je ferme quelques secondes les yeux. « Sergent. » Plus un mot, bordel pas un mot de plus. La voix de Glenn semble couvrir celle d'Hammond, forte, rayée. Je peux encore les entendre, je peux encore ressentir jusqu'à la chaleur de cette foutue fournaise, ce désert, cette journée. « Sergent. » « La ferme. » Hammond et son éternel air calme, Hammond et sa mine neutre, sans aucune émotion, le moindre sourire sincère, le moindre tic nerveux. Hammond, cette poupée de glace qu'on appelait thérapeute et que je fixe maintenant, bouche entre ouverte, mâchoire contractée et mains tremblant légèrement. « Je devrais être là bas, pas dans ce foutu bureau, dans ce foutu hôpital. Je vais très bien. » everybody's fine. Hammond me fait signe de me rasseoir, et je me replace face à la vitre. « Vous n'avez abandonné personne William, vous étiez blessé. »
Dernière édition par Will Shepherd le Dim 24 Juin - 21:14, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: TODAY YOU WERE FAR AWAY. Lun 18 Juin - 22:38 | |
| Sergent ! Qu'est ce qu'il fout là putain, qu'est ce qu'il fout là. Dégage petit, allez bouge, cours. Je me redresse légèrement, planqué derrière une bute de sable pour faire signe au gosse de se baisser, ou de retourner à l'intérieur du village, à l'endroit où les civils étaient partis se réfugier, un abris de fortune contre les balles qui sifflent dans tous les sens. Un essaim de frelons, on était tombé dans un putain d'essaim de frelons. Ils étaient partout, étaient sortis de leur trou avec une rapidité qui nous avait tous pris de court. Enfoirés. Cortez a côté de moi, Rosenwald de l'autre, armes à la main. Je serre le canon de mon m249 spw, les yeux figés sur ce petit. Il doit avoir quoi ? Dans les six ans, un tas d'os sous un draps blanc, on se croirait en plein film, une apparition dans le désert, un putain de fantôme qui se tient droit au milieu des balles, à nous fixer d'un air absent, les yeux vides. Dégage bordel, dégage. Cortez attrape mon sac, le tire vers l'arrière , la pression des hanses me ramenant à leur niveau. Qu'est ce que tu fous bordel ? Je passe le revers de ma main contre mes lèvres sèches, douloureuses à cause du manque d'eau, du soleil qui nous nargue et le sable qu'on semble embrasser à chaque pas. Y'a un gosse. Cortez se redresse à son tour, pour tirer à l'aveuglette en direction du village. On s'en branle du gosse. Et lui est toujours là. Il contemple le terrain, il observe ces inconnus et les siens, dans la danse macabre des balles, le son strident des explosions, des impacts qui caressent ses oreilles. Cortez lâche le sac, se décale pour prendre position, envoyer une rafale vers l'Est du village. C'est comme un signal, mes mains, mes genoux, glissent sur la bute de sable, manquent de me faire tomber sous le poids de mon équipement, la fluidité du sol. Et je cours, cours jusqu'à attraper ce gosse, passer mon bras autour de sa taille pour le ramener vers nous. Ce bourbier ressemble à un enfer, mais j'me dis qu'on en sortira vivant, tous. Sergent ! La voix des hommes s'élève, et la raison débarque, la réalité reprend enfin corps. Le bruit, le coup, et je tombe près de la bute, aussitôt attrapé par Rosenwald, Cortez récupérant le gamin. Bordel Will, t'es vraiment qu'un con. C'est un mélange de sang et de sable, la conscience m'échappe, envahie par la douleur. Blackout. Réveil, le souffle court. Je ferme les paupières, plisse les lèvres en essayant de calmer la respiration qui s'emballe. Les souvenirs sont des traitres, un tableau de ce que tu es et essaye d'oublier. On est tous resté là bas, on est encore tous dans ce foutu désert, aux alentours du village à attendre les ordres, attendre d'être envoyé en mission, arme à la main, lunettes sur le nez à faire des allez retour de tentes en tentes, jouer aux échecs, plaquette pleine de sable. On se marre, on se planque sous les toiles, couchés sur des plumards de fortunes. On est là bas, je suis là bas, pas dans cette chambre. J'ouvre de nouveau les yeux, essayant de m'acclimater à l'obscurité, la douce tiédeur de la maison. D'un geste, j'enlève la couverture, glisse hors du lit pour faire quelques pas vers la fenêtre, jeter un coup d'oeil aux rues calmes de la base, simplement entrecoupées par le bruit presque furtif d'une jeep qui fait sa ronde. Clope rapidement trouvée, embrasée entre les lèvres, je tire une longue latte, penche la tête vers l'arrière pour cracher une volute de fumée. « Will ? » Lana se redresse, s'assied sur le lit. Je lui jette un regard en biais, suivi d'un léger sourire. « ça va ? » Je soupire, fait quelques pas en arrière pour coller mon dos contre le mur, dévisageant Lana quelques secondes de plus. Je hoche la tête, tout va bien. Pas la peine de s'inquiéter. Les choses avaient tellement changé en l'espace de quelques semaines. Un an passé sans elle, à la regretter tous les jours, à me demander ce qu'elle pouvait faire, avec qui, si elle allait bien, si elle pensait à moi, ce qu'un jour normal pouvait signifier à la base. Puis le retour. Les trois semaines passées à la clinique pour panser le mal, la brûlure sur une partie du dos et les côtes brisées. Les médecins étaient formels, je pourrai continuer à servir après quelques mois au vert. Lana finit par se lever pour s'approcher. Un mois que j'étais sorti de l'hosto, et que je reprenais la vie que j'avais laissée derrière moi, avec elle. Je semblais être dans un univers second. Le même corps, dans les mêmes lieux, mais différent. L'angoisse du retour. Lana lève la main pour la poser sur ma joue, d'un geste sec, je la retire, attrape un débardeur pour sortir de la chambre. Je ne savais plus comment être avec elle, je ne savais même plus si je l'aimais encore, ou si cette passion était morte dans là bas. Eyes wide shut. |
| | | Game Gallagher administratrice ✖ we're the queens› postes : 665 › Date d'arrivé : 15/06/2012
| Sujet: Re: TODAY YOU WERE FAR AWAY. Ven 13 Juil - 22:45 | |
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| Sujet: Re: TODAY YOU WERE FAR AWAY. | |
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