Je n'ai jamais été d'une nature anxieuse, j'ai tendance à prendre les choses comme elles viennent et pourtant j'étais morte de trouille à l'idée de passer cet entretien. Je m'y prépare depuis déjà six mois mais je ne me sens pas prête pour autant. Tout mon avenir se joue aujourd'hui, si jamais j'échoue mon ego va prendre un sale coup et je vais commencé à sombrer dans la dépression. Me préparer m'a aidé à ne pas passer aux autres problèmes que j'ai, je me suis jetée à corps perdue dedans pour garder mon esprit occupé. Aujourd'hui que je me retrouve dans le bureau du doyen, l'homme qui va décider si je suis à la hauteur de son école, je me sens fébrile et j'ai peur de perdre tous mes moyens. Ça ne me ressemble pas. Après une énorme claque mentale je me lève pour accueillir le doyen Ellis. « Hannah Chamberlain n'est-ce pas ? Ravie de vous rencontrer mademoiselle. » me dit-il avec un sourire qui se voulait rassurant. « Tout le plaisir est pour moi Mr Ellis, c'est vraiment un honneur. » Je ne brosse jamais personne dans le sens du poil, si je n'aime pas la personne ou ce qu'elle a fait je ne le cache pas et lorsque j'admire vraiment quelqu'un je ne lui cache pas non plus. J'ai lu toutes les recherches et essaies qu'à pu faire le doyen et j'aime vraiment son travail, ce n'est donc pas pour le flâner que je lui ai répondu de cette façon et j'espère qu'il s'en rend compte. « Alors, mademoiselle Chamberlain, qu'est-ce qui vous attire dans cette voie et dans mon université. » La question clé, à la fois facile et compliqué. Il faut jouer franc jeux et montrer sa motivation. Les raisons pour lesquels j'ai choisi d'orienter mes études vers la psychiatrie n'ont rien à avoir avec les raisons habituels des autres élèves. Je ne suis pas intéressée par les méthodes de guérisons originales, ce n'est même pas une inspiration qui vient de ma tendre enfance, rien de cela. « Mes parents sont militaires. Ça semble hors de propos mais je vais vous expliquer. J'ai grandi dans ce milieu, mon grand-père a servi pendant les deux guerres mondiales, mes parents et mon oncle pendant celle du vietnam et même ma cousine veut suivre cette voie. J'ai donc vu ce que la guerre et les combats peuvent faire à des gens parfaitement saints d'esprits. J'ai aussi vu l'impuissance des psychologue et autres psychiatres à les aider. Ils ne peuvent pas se mettre à leur place, personne ne le peut. C'est pour ça que je veux devenir psychiatre, je veux les aider à sortir tout le poison qu'ils accumulent pendant le service. Je ne pourrais pas les guérir complètement et si vous voulez mon avis la personne qui pense que c'est possible est idiote, mais je peux faire beaucoup je le sais. Je veux leur faire voir la vie sous un autre angle, les aider à se rendre compte qu'ils peuvent aller bien avec un peu d'aide. Ça semble sans doute idiot pour une personne extérieur mais pour quelqu'un qui a vécu les choses de l'intérieur c'est la meilleure des motivations. » Je le vis prendre des notes sur son carnet. J'espère qu'il comprendra. Je sais qu'il est dur de comprendre mes motivations si on a pas vécut ce que j'ai vécut mais il devrait comprendre. « Je vois. Mais vous, êtes-vous capable de supporter les conséquences de la vie militaire justement ? Je ne vous parle pas des soldats et autres qui seront peut-être vos patient. D'un point de vue personnelle, êtes-vous capable de supporter le deuil, les récits, ou même d'aller au front pour travailler sur le terrain. » Je ne m'attendais pas à une question pareille. Je n'avais même jamais pensé exercer sur le terrain mais en y réfléchissant certains soldats auraient bien besoin de psy pendant leur service. Je suis capable de supporter tout ça, je suis capable de supporter beaucoup. En fait, c'était déjà le cas. Il y a quelques semaines des militaires sont passés me voir, ils m'ont tendu un drapeau Americain en m'expliquant que les recherches avaient été abandonnées, que maintenant Castiel était considéré comme mort. J'avais envie de m'effondrer sur le sol et sombrer dans la dépression mais je sais qu'il n'aurait jamais voulu ça. Il a toujours aimé mon côté farfelu et extravertie, même s'il était d'une nature plutôt calme. Le Yin de mon Yang comme il aimait le dire. Je me souviens du jour où il a fait sa demande, en fait il était déjà au front. Il avait préparé toute une mise en scène avec ses hommes face à une webcam. Je ne me serais jamais imaginé me fiancer à dix-huit ans et pourtant j'ai immédiatement accepté. « Mon fiancé a disparu il y a quelques fois en Afghanistan, quelques jours après avoir fait sa demande en fait. Ils ont arrêté les recherches, il est à présent considéré mort par tout le monde. Je tiens le coup, je sais que ça fait partie des risques, je savais à quoi m'attendre et je sais à quoi m'attendre en choisissant cette voie. Croyez-moi, je sais exactement ce que je fais et je peux vous assurer que vous ne trouverez pas d'étudiante plus motivée et bosseuse que moi. Je sais que je suis faite pour ça et honnêtement je ne veux pas faire autre chose. » Il acquiesçât calmement et le stress m'envahit de nouveau. Peut-être n'avait-je pas l'air assez motivée ou peut-être que mes raisons ne paraissaient pas assez bonnes. « Très bien mademoiselle Chamberlain, c'est fini. Je vous raccompagne à la porte et d'ici quelques jours vous aurez la réponse de l'université. » Pendant plusieurs jours un sentiment d'échec m'accompagna jusqu'à ce que je reçoive une lettre qui officialisait mon admission à la faculté, accompagné d'un petit mot manuscrit qui disait : « Tout se joue maintenant. Vous avez les qualités et vos motivations sont excellentes mais rappelez-vous d'une chose, vous ne devez jamais être trop impliquée.
C.K. Ellis »

Le stylo en main je prenais soin de prendre les notes qu'il me fallait. Je suis ce qu'on appelle une surdouée, j'ai plus de facilité que les autres mais cela ne veut pas dire que je ne dois pas travailler dur. Au contraire, tout le monde a tendance à être plus dur envers moi à cause de cela, je me dois d'être à la hauteur de leurs attente. Mais, je dois surtout être à la hauteur de mes attentes, j'aime être la meilleure. Cependant, je ne suis pas une accroc aux études, j'aime quand les cours sont finit que je peux rentrer chez moi me reposer ou sortir avec des amis. En sortant de l'université ce jour-là, Jackson m'attendait appuyé sur sa voiture pour me raccompagner. Depuis la disparition de son frère Jack et moi sommes devenus très proches. Il 'était la seule personne au monde à comprendre ce que je ressentais, on était dans le même état d'esprit ; on était détruit à l'intérieur mais on se montrait fort devant les autres. J'ai souvent pleuré dans les bras de mes deux meilleures amies mais celui qui a vraiment su me consoler. « J'ai reçu un appel de la base ils veulent nous voir tous les deux. Je me demande bien quelle connerie tu as encore pu inventer. » son coude heurta gentiment mes côtes. Il est vrai que j'ai tendance à attirer les ennuis, « trop impulsive pour mon propre bien » comme dirait mon père. « Ou alors c'est toi le fautif. T'es là que depuis trois jours et t'es déjà convoqué, tu parles d'un soldat modèle. » Je plaisantais mais au fond j'étais stressée, je ne savais pas à quoi m'attendre surtout que je ne suis pas militaire. Je travailles avec eux dans le cadre de mes stages et de mes projets mais rien de concret. D'ailleurs il n'y aura rien de concret avant que j'ai mon diplôme dans cinq ans. En cours de route Jack s'arrêta quelques secondes devant une maison que je connais bien, celle d'Olivia. Olivia, le premier amour de Jack et sans doute le seul jusqu'ici. Je pris sa main dans la mienne pour lui faire comprendre que s'il avait besoin j'étais là. Je ne sais pas très bien comment les choses se passent entre eux, à vrai dire je crois même qu'ils ne se sont pas adresser la parole depuis des années mais je vois bien la douleur dans les yeux de Jackson. Selon moi il devrait faire comme Liv et aller de l'avant, je sais qu'il a essayé, on a d'ailleurs essayé d'aller de l'avant ensemble mais aucun de nous n'y arrive. « Je suis pathétique hein ? » « Oui tu l'es. Mais dis-toi qu'on est deux alors soyons pathétiques ensemble. » Je me sens coupable de m'être rapprocher de lui de cette façon. Il n'y a rien d'officiel ni de concret entre nous cependant, il règne une certaine ambiguïté dans notre relation. En fait je retrouve un peu de Castiel en lui. Arrivée au lieu du rendez-vous mes mains se sont mise à trembler. Mon intuition ne m'indiquait rien de bon. Mon père ainsi que celui de Jack étaient dans la pièce. La mien s'avança vers moi et me pris dans ses bras. Il n'est pas très affectueux d'habitude, je suis la seule personne avec qui il l'est et même si je sais qu'il m'aime plus que tout et qu'il me le montre les gestes d'affections ne sont pas son truc. Vieilles habitudes de militaire. « Tout va bien se passer Han, ne t'en fais pas. » je n'avais aucune idée de quoi il parlait. Un marin haut gradé nous fit signe d'entrer dans une autre pièce, avant de franchir la porte il nous prévint que le choc risquait d'être violent et que si nous voulions attendre nous le pouvions. Tout le monde semblait croire que nous savions ce qu'il se passait. « Prends ma main. Je suis mort de trouille. » me chuchote Jack à l'oreille. Ce n'est pas son genre d'avoir peur mais il doit avoir une mauvaise intuition lui aussi. Je lui pris la main pour me rassurer également. La pièce était sombre mais on voyait bien ce qu'il se passait. Deux médecins se tenaient à côté d'un homme, âgé d'une trentaine d'année environ. Son épaisse barbe cachait la moitié de son visage et il semblait perdu. Son visage me semblait familier mais je n'arrivais pas à mettre un nom dessus jusqu'à ce qu'il lève les yeux. Son regard pouvait transpercer mon âme et lire à travers. Par réflexe ou à cause du choc je lâchais la main de Jack et me retourna brutalement vers mon père. D'un mouvement de la tête il me confirma ce que je croyais. Castiel était revenu, ou plutôt il n'était pas mort. Je n'arrivais plus à parler ni même à bouger. Je ne voulais même pas penser à ce qu'il s'était passé avant qu'il ne se retrouve ici. Brusquement il se leva et s'avança dans ma direction. La façon dont il me pris dans ses bras me fit réaliser à quel point il avait dû souffrir. Je resserrais l’étreinte mais j'avais l'impression que ça ne suffisait pas et malgré moi les larmes se mettaient à couler. Mon fiancé était revenu mais je n'avais aucune idée de ce qui allait se passer et encore moins de ce qu'il se passait dans sa tête.