[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]« De toute façon, tu n'es qu'un bon à rien ! Un vaut-rien ! Tu ne feras rien de ta vie, Derek Elvis Miller ! » C'est cette phrase qui, du jour au lendemain, a tout changé en moi. J'avais dix-huit ans à l'époque. J'étais jeune, beau, pas forcément très intelligent, mais pleins d'ambition. Je m'imaginais déjà propriétaire d'une agence immobilière à Boston. Autrement dit, c'était mon rêve. Mais ce satané professeur d'économie n'avait de cesse de me dire que quoi que je fasse, qu'où que j'aille, personne ne voudrait jamais de moi. Et c'est ce jour là, à l'entendre prononcer ces mots, que je me suis dit que je devais changer mes plans. Je voulais devenir militaire. Je me levais de ma chaise alors pour faire face à ce maudit professeur. « Ah oui ? Très bien ! Eh bien croyez le ou non, je sauverai des vies, moi, ce qui est bien plus intéressant que d'apprendre à faire des probabilités ! » Je me levais, lançais mon cahier dans la poubelle, et sortais. Oui, je serai probablement viré de ce foutu lycée, mais tant pis ! Les études, c'est pas très important pour l'armée que je sache !
Je rentrai donc chez moi avec la ferme intention d'annoncer cette "grande" nouvelle à mes parents J'allais en prendre plein la tronche, mais tant pis ! C'est sûr que passer après un frère qui a fait science po et qui se retrouve à travailler en France, c'est pas facile... « Papa. Maman. J'ai quelque chose à vous annoncer. Une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c'est que j'ai été viré du lycée... » « QUOI ?! » Mon père avait jailli du canapé. De là où j'étais, je voyais les veine de son front qui ressortaient très clairement ! Quant à ma mère, elle avait les yeux grand ouverts, et semblait vraiment surprise, même si elle ne disait rien. « Oui bon, c'est le prof d'éco. Bref on s'en fou ! Tout ça pour dire que la bonne nouvelle, c'est que j'aimerai m'engager dans l'armée. À Austin pus précisément. C'est loin, je sais, mais ça me permettrait de gagner en autonomie et tout ça tout ça, donc bon... » « Derek Elvis Miller ! Tu as perdu la tête ! Te rends-tu seulement compte de ce que tu es en train de dire ? Abandonner tes études pour aller tenir des armes ? » J'avais oublié le côté pacifistes de mes parents. Enfin, après une bonne demi-heure de débat, ils finirent par comprendre que c'était vraiment ce que je voulais.
Un mois plus tard, j'entrai dans le camp d'Austin en tant que simple soldat.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]Ce week-end, permission de sortie ! Hallelujah ! À vingt-quatre ans, c'était dur parfois de devoir obéir à des règles. Mais en tout cas, ce soir, j'allais faire la fête, ça, c'est sûr ! Il y avait un petit bar, dans le centre d'Austin. Ca avait l'air sympa, et il y avait l'air d'y avoir un peu d'ambiance. Donc sans trop hésiter, j'y entrais et m'asseyais au comptoir. « Une bière s'il vous plait ! » demandais-je à la serveuse. Celle-ci était en train d'essuyer des verres. « Une bière, à cette heure-ci ? Vous ne prenez pas quelque chose de plus fort ? » Je levais la tête en souriant à la demoiselle. Je ne savais pas que les serveurs donnaient des conseils sur que boire à quelle heure. « Ah bon ? ET qu'est-ce que je dois boire dans ce cas, jolie brune ? » je gardais ce sourire charmeur sur le visage en continuant de m'adresser à elle. « Eh bien, étant donné que la plupart des clients sont en train de partir, que mon patron n'est pas là et que j'ai vraiment besoin de me détendre, que diriez-vous d'un petit concours de shot de tequila ? » Ouh, elle était joueuse. Je l'étais aussi. Je regardais de plus près le badge qu'elle portait au niveau de la poitrine, sur lequel il était inscrit "Reese". « Très bien, Reese. Mais préparez-vous à perdre ! » répondis-je en enlevant ma veste. Un verre, deux verres, trois verres, quatre verres, et un réveil dans le lit de la jolie brune. Je ne me souvenais pas de grand chose, si ce n'est que cette nuit, on n'avait pas joué au Scrabble.
Voilà quatre ans que j'avais rencontré Reese. Quatre que chaque jour, mes sentiments envers elle évoluaient, sauf qu'on se l'était promis. Entre nous, c'était le sexe, et rien d'autre. Au début, elle n'était qu'une simple fille avec qui je couchais de temps en temps, mais un an plus tard, j'étais partie en mission en Afghanistan pendant un an, et j'avais réalisé à quel point elle m'avait manqué. Et depuis que je suis revenu, j'essaye tant bien que mal de lui montrer qu'elle n'est pas n'importe qui pour moi. Mais aujourd'hui, une fois encore, je dois partir en Afghanistan, sans date de retour. « Arrête de me regarder, je dois être horrible... » Nous avions passé la nuit ensemble, comme souvent, et je ne savais pas ce que cela représentait pour elle, mais la seule chose que j'avais en tête, c'était que ça allait être la dernière avant longtemps, peut être même la dernière tout court... Je prenais alors ses mains, et passais une des miennes sur sa joue. « Tu dis n'importe quoi...c'est comme ça que je t'aime moi... » Elle était tellement belle. Mais je savais très bien qu'elle ne prendrait pas cette phrase au sérieux. « Tu devrais peut être te préparer non ? » J'avais l'impression qu'elle avait hâte de me voir partir, alors que tout ce que je voulais, moi, c'était rester à ses côtés. « J'ai encore quelques heures devant moi. » Je ne partais que le soir. Mon regard se plongeait dans le sien. Si je n'écoutais que moi, je l'embrasserai avec passion à cet instant précis, mais mes lèvres se dirigèrent vers sa joue, tandis que mes pieds m'emmenèrent à la salle de bain.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]J'étais en Afghanistan depuis six mois, et depuis six mois, mon esprit était hanté par le fantôme de Reese. Je pensais à elle jour et nuit, du matin au soir. Les seuls moments pendant lesquels j'avais pu l'oublier un peu était le mois pendant lequel j'étais avec Shauna. Mais elle était partie, et depuis, c'était Reese. Je voulais rentrer, pour elle, rien que pour elle. En attendant, j'étais chargé du déminage de ces bombes et si je ne me concentrai pas plus que ça... BOUM !! Sans avoir le temps de bouger, ni de réfléchir, je me retrouvais propulser à une centaine de mètre, recouvert de terre, et ne sentant pas une bonne partie des membres qui composaient mon corps. Je ne voyais rien, je me sentais plus faible que jamais. Je n'entendais qu'une fois. « Derek merde dis nous quelque chose ! Accroche toi mec ! » Je puisais dans mes dernières forces pour dire : « Reese... Appelez... Reese... Davenport. »