Les flashs crépitaient autour de moi. Les plus proches m'obligèrent à papillonner des paupières un instant pour éviter d'être aveuglé. Je détestais les "tapis rouge" et leurs interviews non maîtrisées. Néanmoins, mon rôle d'Administrateur de l'E.P.A. ne me permettait pas de couper à ce genre de "show". Aujourd'hui, je devais assister à la remise des Genesis Awards. Aujourd'hui, cela faisait officiellement deux mois que Sebastian était reparti pour l'Irak. Et un peu plus d'une semaine que je n'avais reçu aucune nouvelle. Cela était déjà arrivé par le passé mais, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter ayant depuis plusieurs jours déjà un mauvais pressentiment. Ma concentration en était sérieusement ébranlé. J'obligeais ainsi de nombreux journalistes pressés et avides à répéter leurs questions pour ne leur offrir en échange que de courtes répliques sans profondeur. «
Le Président vous a-t-il déjà informé de l'identité de votre remplaçant à la tête de l'organisation si vous veniez à être élu au poste de Gouverneur? » Je revenais tant bien que mal à la réalité, me forçant à sourire à la jeune femme qui me tendait son micro avec insistance. «
Je. Hum. Je ne peux malheureusement rien vous communiquer à ce sujet qui n'a par ailleurs pas encore était sérieusement abordé. Désolé. » Je ne savais même pas exactement pourquoi je m'excusais mais, son regard qui me transperçait me laissait particulièrement mal à l'aise. «
Des rumeurs courent comme quoi vous ne seriez pas au meilleur de votre forme en ce moment. Est-ce la préparation pour les élections qui vous éprouve ou la raison était-elle tout autre? » poursuivit-elle sans se démonter. J'avalais ma salive avec difficulté, ce qui en soit, face à de tels vautours était une grossière erreur car je ne pu louper la fierté se peindre sur le visage de la jeune femme alors qu'elle savait avoir touché un point sensible. Je lui sourie néanmoins avec le plus de désinvolture possible. «
Je vais bien, merci de vous en inquiéter. Une campagne est un travail de tout les instants néanmoins, j'ai une très bonne équipe avec moi, qui m'aide et me soutient, ainsi que ma famille et mes amis. Je suis humain et il m'arrive de m'inquiéter, peut-être parfois même un peu trop, pour mes proches, voilà tout. » terminais-je, me voulant naturel. Après tout, ce n'était pas un mensonge. «
Parlez-vous de votre frère? Est-il vrai qu'il va passer quelques semaines dans un camp militaire en vue de son prochain film? » Cameron dans une base militaire. Cameron suivant le même entraînement et les mêmes règles strictes que celles qui régissaient la vie de Sebastian. L'idée était aussi étonnante qu'hilarante en vérité. «
Je ne m'inquiètes pas pour Cameron. C'est un grand garçon vous savez malgré ce que l'on peut en lire dans la presse. » J'appuyais particulièrement sur les derniers mots. Une autre de mes cordes sensibles, je détestais l'image que ces énergumènes donnaient de mon petit frère. «
Alors pour qui vous faites-vous des cheveux blancs? » Aïe. Touché. «
Quoi? Quels cheveux blancs? Je n'ai pas de cheveux blancs! » m'offusquais-je faussement amusé pour me sortir de là. «
Votre jeune soeur vient de se fiancer mais, quels sont vos propres projets? Comptez-vous vous mariez? Avez-vous seulement quelqu'un dans votre vie? Vous n'êtes pas sans ignorer que la famille est une valeur très importante pour les habitants de notre État..? » Elle me noyait littéralement sous ses questions. Une stratégie à laquelle j'étais habitué mais, qui ce soir me laissait troublé. «
Oui, je... » Au même moment, l'un de mes assistants fit éruption à mes côtés. «
Monsieur Michaelis, téléphone pour vous. Une certaine Mademoiselle Trager, j'ai tenté de lui expliquer que... » Trager. La soeur de Sebastian. Je sentis mon estomac se tordre d’appréhension. «
C'est bon, je vais le prendre. Merci. » Attrapant le portable, je m'éloignais du tapis pour les "coulisses". «
Allo? » articulais-je simplement pour signaler ma présence. «
Desmond! C'est pas trop tôt! Ton abruti d'assistant me fait poiroter depuis plus de quinze minutes! » Je grimaçais. Elle ne m'appréciait déjà pas particulièrement, ce n'était pas ce genre de choses qui risquaient d'améliorer nos rapports. «
Je suis désolé. J'ai une cérémonie ce soir alors... », «
Desmond. » me coupa-t-elle alors que j'allais me perdre en excuses. Je pris une grande inspiration. «
Oui? » Il y eut un court silence au bout du fil tandis que je ne pouvais qu'appréhender la suite. Elle ne m'avait certainement pas appelé de son propre chef pour rien. «
Des... Des soldats sont passés à la maison ce midi... » Non. «
Ils... Sebastian est... » Non. Il n'avait pas le droit. «
Il est porté disparu, Desmond. Il est... mort. » Le sol s'ouvrant sous mes pieds n'aurait pas eu un pire effet.