« Tu sais, je pense que nous deux c’est pas une bonne idée » J’avais pris mon courage à deux mains pour annoncer la nouvelle à Peter, qui m’enlaçait paisiblement. Nous nous étions rencontrés quelques semaines plus tôt et on sortait ensemble depuis à peine quelques jours. Mais en faisant ça, en couchant bêtement avec un collègue, j’avais l’impression de tromper quelqu’un. Ma conscience ne me laissait pas tranquille et je savais qu’une seule chose pourrait me rendre heureuse.
« Pourquoi ? Pour lui ou pour fuir ton passé ? »Lui, il savait. Je me confiais souvent à Peter mais au fil du temps il avait plutôt acquéri le rôle de meilleur ami que celui de petit ami. Nous avions fait nos études ensemble, et maintenant on travaillait dans le même hôpital, où il savait ce qui s’était passé il y a quelques mois. Entre nous deux un regard suffisait pour comprendre l’autre, les mots étaient d’ailleurs inutiles. D’autres pourraient vous dire que c’était le début de quelque chose : finir les phrases de l’autre, s’amuser ensemble,… moi je savais que l’amour c’était autre chose. Et ça pour en être sure il fallait que j’aille à Austin.
« Tu ne m’a pas répondu Amy, tu fui ce qui t’est arrivé ? » J’avais comme une absence en réfléchissant les yeux dans le vide. Il n’avait pas tort, ce qui était arrivé quelques mois plus tôt à l’hôpital motivait et justifiait mon départ, bien que ce ne soit pas la seule raison à ça. Un patient skizophrène pensait que je lui voulais du mal et que je complotais derrière son dos pour l’assassiner. Faute de quoi il a pris une arme et m’a prise en otage. Je suis restée là pendant plusieurs dizaines de minutes, à essayer de le persuader de poser son couteau. Finalement il m’a lacéré les veines puis s’est enfui. Seulement personne ne savait que j’étais là, dans cette remise ridicule, et c’est Peter qui m’a trouvée dans une marre de sang en suivant la sonnerie de mon portable à travers l’étage. C’est le genre de chose qui vous change à jamais… Je m’en suis vite remise et j’ai continué mon boulot en m’arrêtant chaque fois que je passais devant cette remise.
« Non, je veux juste du changement. Tout ça, la FAC, le boulot… c’est devenu trop. Tout le monde me voit comme celle qui a failli se faire tuer. Et ce regard j’en peux plus. Je déménage à Austin »Je sais, c’est prématuré, voire idiot. Mais j’en ai besoin et ça personne ne pourra me le reprocher… J’ai trimé pendant des années pour devenir chirurgienne, et sacrément douée en plus de ça, alors maintenant je prend ma vie en main, et je m’en vais d’ici. C’est plus fort que moi, Drake me manque.
Des larmes commencèrent à couler le long de mes joues, il les essuya de la paume de sa main. Je savais qu’on ne se perdrait pas malgré les kilomètres. Parce qu’une amitié pareille, ça n’arrivait qu’une fois dans une vie.
Drake, c’était mon frère adoptif. Car mes parents étaient décédés dans un incendie une dizaine d’année plus tot. De fil en aiguille, les Sanders m’avaient adoptée mais le lien qui m’unissait à Drake était un amour interdit. Malgré tout on s’aimait, et chaque obstacle qui se mettait entre nous disparaissait toujours avec l’aide de l’un ou de l’autre. Quand ses parents ont tout appris, ils ont fichu Drake à la porte et mont envoyée dans une université à des centaines de kilomètres. On a gardé contact, par lettres, par sms, par mails… mais c’était devenu tellement puéril.
…
Mon billet et ma valise en main, je pris la direction de l’escalator qui me rapprochait de plus en plus de ma destination : Austin. Mon chef de service avait rechigné à me muter là bas, mais finalement il avait trouvé un bon poste et suivrait ma carrière de près, enfin c’est ce qu’il disait… A ce qu’on m’avait dit, sur la base où Drake se situait, il manquait de médecins et de spécialistes, alors ce changement s’avérait bénéfique pour tout le monde.
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