« Back »

Grayson demanda au chauffeur de la voiture de s’arrêter là, juste devant la maison. Elle n’avait pas tellement changée en six mois. Les fleurs qui se trouvaient devant étaient belles et ensoleillée, mais l’habitation restait la même. Gray prit quelques instants pour la regarder à travers la fenêtre. Il aperçut le chauffeur en train de le regarder avec un air compatissant avant de déclarer : « C’est le moment. ». Il devait en avoir vu défiler, des soldats qui rentrent au pays et qui ne savent plus comment faire. Gray baissa les yeux vers sa jambe gauche, celle qui avait reçu un bout de ferraille dans le mollet. Il marchait, mais il boitait. Au moins il n’avait pas perdu l’usage de sa jambe, et aucun nerf n’avait été sectionné. Mais combien de temps allait-il rester dans cet état boiteux ? Il n’en savait rien, et ce n’était pas vraiment la question pour le moment. Il posa sa main sur la porte du véhicule pour l’ouvrir doucement. Il se leva, s’appuyant sur sa jambe valide, et fit quelques pas vers le coffre. Il en sortit son sac, qui faisait la même taille que lorsqu’il était parti. Il était habillé en civil, assez simplement. Jean et t-shirt gris. Il avait une barbe de quelques jours qu’il n’avait pas pris le temps de raser. Il referma le coffre du véhicule et regarder ce dernier s’éloigner dans la rue déserte. Quelle heure était-il déjà ? Peut-être 18H, par là. Et quel jour était-on ? Dimanche ? Lundi ? Il n’en savait rien, on lui avait dit mais il avait déjà oublié.

Il s’approcha de l’allée qui menait à la porte d’entrée. Il n’avançait pas très vite, évitant de peser sur sa jambe blessée. Le médecin qui l’avait pris en charge lui avait dit d’aller chercher des béquilles à la base dès qu’il serait de retour, juste au cas où. Il était préférable de ne pas trop faire fonctionner la jambe, pour qu’elle se rétablisse au plus vite. Mais pas sûr qu’il y aille, il n’avait pas envie que son invalidité soit si flagrante, même lorsqu’il serait assis. L’allée de pierres grises étaient bordées de fleurs sur les côtés, et il les regardait alors qu’il avançait vers la porte. Il s’arrêta devant celle-là. Que devait-il faire ? Entrer ? Sonner ? Frapper ? Ou rester là jusqu’à ce que quelqu’un se pose des questions ou ne veuille sortir ? Il n’était pas sûr d’être chez lui. Son nom était sur le bail, mais ce n’était qu’une formalité. Apparemment, cela faisait un mois qu’il avait disparu. Qu’avait-il pu se passer en un mois ? Un mois sans nouvelles, alors que d’habitude il envoyait très régulièrement des lettres, à sa fiancée comme à sa sœur. Il n’avait pas voulu qu’elle souffre d’un manque de nouvelles, lui-même ayant été fils de soldat, il n’aurait pas supporté de ne pas savoir comment son père allait. Même si ces lettres étaient toujours bien plus joyeuses que la réalité. Il était resté deux ans dans cette zone à risques, à dormir en entendant les tirs siffler non loin, à regarder constamment autour de soi s’il n’était pas une cible. Mais ça, pas question de l’écrire. Il préférait parler du soleil, bien qu’il était très lourd, de ses camarades avec qui il lui arrivait de rigoler, tout en évitant soigneusement de parler de ses frères d’armes perdus au combat. Il parlait aussi de ce qu’il voulait faire lors de sa prochaine permission, il affirmait être pressé de rentrer et de les revoir, ce qui était le cas. Alors, sans lettres depuis plusieurs semaines, il n’avait aucune idée de ce qui avait pu se passer dans la tête de Roxanne, ainsi que dans celle de Gabrielle. Sa jambe commençait à tirer, alors il posa son sac à côté de lui sur la marche. Il voulait que la porte s’ouvre, mais il se sentait comme un étranger. Anxieux et impatient à la fois, il leva sa main pour frapper sur la porte.

Le cœur de Grayson battait à tout rompre. Il avait comme l’impression qu’il allait sortir de sa poitrine. Mais lorsque la porte s’ouvrit enfin, il manqua un battement. Roxanne apparut dans l’encadrement. Gray n’eut pas le temps de la regarder, non, de l’admirer même, qu’elle se jeta dans ses bras. Il avait beaucoup de mal à réaliser qu’il était chez lui, avec sa fiancée contre lui. Cela paraissait irréel, il avait beaucoup rêvé de cette scène lorsqu’il était chez la femme qui l’a soigné, mais il avait cru qu’elle ne se passait jamais. Il ne pensait pas rentrer chez lui un jour. Mais il y était finalement, devant sa maison, avec Roxanne. Il passa ses bras autour d’elle pour la serrer davantage contre lui. Il ne contenait pas sa force, trop heureux de la retrouver, et du la serrer un peu fort, un peu trop même. Il sentit quelque chose d’humide dans son cou, et comprit rapidement qu’elle pleurait. Il ignorait ce qu’elle avait pensé, mais comme il était de nature à donner régulièrement des nouvelles, sans doute avait-elle pensé que le pire était arrivé. Il se détacha un peu pour joindre ses lèvres aux siennes, afin de l’embrasser amoureusement. Cela faisait six mois qu’il n’avait pas pu la toucher, qu’il n’avait fait que penser à elle sans jamais la voir. Ses mains ses posèrent sur les joues de Roxy pour y essuyer les larmes à l’aide de ses pouces. Elle lui souffla de ne plus refaire ça, et ajouta qu’elle le détestait. Il n’y crut pas une seconde, car si c’était le cas elle ne se serait pas jetée dans ses bras, et ne l’embrasserait pas comme elle le faisait. Il culpabilisa, même s’il n’avait eut aucun moyen de donner des nouvelles mais il ne s’imaginait pas à sa place. Il l’embrassa de nouveau, encore et encore, tout en la gardant le plus possible contre lui. Entre deux baisers, il souffla des excuses contre ses lèvres : « Je suis désolé. » . Il ne savait pas quoi dire d’autre, il n’avait pas envie de s’étaler sur ce qui s’était passé. Il voulait juste la retrouver. Il la garda contre lui à l’embrasser encore quelques instants, plusieurs minutes même.

Il finit par doucement se détacher d’elle pour enfin la regarder. Elle était magnifique, et n’avait pas changé. Elle semblait un peu fatigué, peut être qu’il y avait beaucoup de travail au garage, ou alors qu’elle ne dormait pas assez. Il s’inquiéta. Gray caressa doucement les joues de sa fiancée, essayant toujours de réaliser qu’il était de retour chez lui. La porte était restée ouverte et il jeta un coup d’œil pour apercevoir l’intérieur de la maison. L’entrée n’avait pas l’air d’avoir changé, et ce qu’il voyait du salon non plus. Six mois c’était long, mais il se rappelait quand même de son chez lui. Toujours un peu perplexe du fait qu’il se sente étranger, il n’osait pas rentrer. Il s’appuya sur sa jambe valide pour éviter de forcer sur celle qui était blessée, et se baissa un peu pour attraper son sac. Il préféra demander, ne sachant plus s’il était le bienvenue après son absence : « Je peux rentrer ? » . Il ne savait pas pourquoi, mais il était pressé d’être à l’intérieur. Sans doute cela le rassurerait-il, et lui montrerait qu’il était bel et bien de retour. Sa main libre se posa sur la hanche de Roxanne qu’il ne pouvait s’empêcher de toucher, comme s’il avait peur de ne plus pouvoir le faire d’ici peu. Il avait déjà eut du mal à réaliser qu’il était aux Etats-Unis lorsque l’avion s’était posé et que l’aéroport était apparu. Les immeubles, tellement caractéristiques et si différents de l’Irak, tout ça lui avait paru être une illusion. Et là, il était sur le seuil de la porte de sa maison, mais c’était toujours difficile. La seule chose qui le ramenait vraiment à la réalité c’était Roxanne, puisque sa présence était bien réelle.

Grayson passa plusieurs longues minutes à embrasser et enlacer sa belle enfin retrouvée. Il hésita avant de finalement demander s’il pouvait rentrer dans la maison, maison dont il n’avait pas foulé le sol depuis six mois. D’habitude, lors des permissions, il retrouvait très facilement ses marques. Il passait la porte sans problème et reprenait ses bonnes habitudes. Mais là, c’était différent, il se sentait différent sans pouvoir expliquer ce qui avait changé. Il était heureux d’être là, mais ça lui semblait toujours lointain et irréel. Elle semblait choquée qu’il lui demande l’autorisation de rentrer dans sa propre maison. Il lui fit un très faible sourire, soulagé de sa réponse tout de même. Elle l’emmena à l’intérieur de la maison et il jeta un regard autour de lui. Il reconnaissait l’endroit, mais il ne se sentait toujours pas à sa place. Ca allait venir sûrement, ce n’était rien. Il lui fallait juste quelques minutes, quelques heures, quelques jours tout au plus. Il boita jusqu’au canapé sur lequel il s’assit sans se faire prier, il commençait à avoir mal à la jambe à force de rester debout. Il fit le tour de la pièce avec son regard, le salon était toujours comme avant. Il ne savait pas ce qu’il cherchait à force d’observer les lieux, il craignait sans doute que quelque chose avait changé. Il n’avait pas donné de nouvelles pendant un mois après tout. Elle ne tarda pas à l’embrasser de nouveau, glissant sa main dans les cheveux du soldat. Ce dernier prolongea le baiser qu’elle lui donnait, tout en passant l’une de ses mains dans le cou de la jeune femme. C’était ce genre de chose qui le ramenait sur terre, et qui lui prouvait que tout ceci était bien réel. Puis elle se leva, Gray fronça les sourcils. Pourquoi elle partait ? Il n’eut pas le temps de s’inquiéter puisque déjà elle revenait, rayonnante, une bière à la main. Elle lui exprima sa joie de son retour. « Moi aussi. » . Il était heureux de rentrer et de la retrouver. Il attrapa sa bière et ouvrit la bouteille à l’aide d’un décapsuleur qui se trouvait dans la tiroir de la table basse. Il en bu une gorgée rafraîchissante. Elle s’était inquiétée, expliquant qu’elle avait quand même cherché à avoir des nouvelles. Mais il avait disparu pour l’armée également, alors elle n’avait rien pu savoir. « Je n’ai pas pu en donner. Je n’étais pas au camp. » .

Il avait du mal à donner des explications. En fait c’était surtout qu’il n’avait pas vraiment envie de parler de ces semaines qu’il avait passé dans les sous-sols d’une maison qui ressemblait plus à un taudis. Elle avait remarqué sa blessure à la jambe, qui était visible lorsqu’il marchait. Elle voulait évidemment savoir ce qui s’était passé. Les images lui revinrent à l’esprit, en flash. Mike qui était derrière lui, l’explosion, puis Mike qui n’était plus là, et ensuite plus rien à part le visage flou de cette femme. Son visage s’assombrit, il ne voulait pas repenser à tout cela. « J’ai été blessé lors d’une mission. » . Il ne s’étendit pas davantage sur les raisons et dans des explications. Il bu une nouvelle gorgée de la boisson fraîche avant de poser la bouteille sur la table basse. Il s’approcha de Roxy, mettant un terme à cette conversation sans brutalité : « N’en parlons plus. » . C’était un peu léger, de disparaître pendant un mois et de dire qu’il ne fallait plus en parler. Mais il ne voulait pas, ça le foutait trop mal. Il embrassa de nouveau sa belle en l’attirant sur lui, de sorte à ce qu’elle soit assise sur ses genoux. Il ne voulait pas la quitter. Il dévia ses baisers dans le cou de la jeune femme et vint murmurer à son oreille : « Tu m’as manquée. » . C’était évident, mais qu’elle sache au moins qu’il n’avait pas volontairement arrêter de donner des nouvelles. Il espérait juste qu’elle ne se posait pas dix mille questions, ce qui serait légitime certes. Il posa ses mains autour de Roxanne et recommença à l’embrasser, puisqu’il ne pouvait pas s’en empêcher.

Grayson se doutait bien qu’on allait lui poser des questions, après tout c’était normal lorsqu’on avait disparu pendant un mois. Les réponses, il les avait donné à l’armée, à son supérieur qui était venu le chercher dans la maison où il avait été soigné. Mais il ne voulait plus en parler, tout ça c’était derrière lui. Maintenant qu’il était là, il ne voulait plus repenser à ce qu’il s’était passé. Il fut soulagé de constater que Roxanne n’insistait pas. Elle voulait se concentrer sur le présent, donc sur le fait qu’il était rentré. C’était aussi la volonté du soldat, il n’avait plus du tout envie de regarder en arrière. Par contre, dans l’avion qui l’avait ramené chez lui, il n’avait cessé de penser au futur. Il avait de nombreux projets avec sa fiancée, et la vie pouvait parfois se montrer bien trop courte. Il était peut être temps pour lui d’accélérer les choses, et de mettre ses projets à exécution. Il l’approcha pour qu’elle s’installe sur lui. Il lui embrassa alors le cou, puis les lèvres. Il la laissa caresser son visage, ne cessant de la regarder, non, de la dévorer des yeux pour être plus exact. Il la trouvait toujours aussi belle et toujours aussi désirable. Il frissonna lorsqu’elle glissa sa main sous son t-shirt pour venir lui caresser la peau. Gray laissa l’une de ses mains aller dans le creux des reins de Roxy pour la caresser. Il prolongea ses multiples baisers, n’ayant aucune envie de les repousser, bien au contraire. Elle vint lui murmurer qu’elle ne voulait plus qu’il parte. Dans l’instant présent, Gray non plus ne voulait pas y retourner. Il voulait rester ici, retrouver sa fiancée, profiter d’elle, profiter de ses proches et avancer. Mais il savait très bien au fond de lui qu’il n’avait pas renoncé à sa carrière militaire, malgré son accident. Il n’était pas encore fixé sur la durée pendant laquelle il allait resté invalide, cette blessure à la jambe l’empêchait d’avoir une activité physique intense. Lui qui était un grand sportif, il savait déjà que le temps allait être long. Mais il n’avait aucune envie d’annoncer à sa belle qu’il comptait stopper sa carrière militaire, il préférait lui dire ce qu’elle voulait entendre : « Mais je ne compte pas partir. » . Pas pour l’instant en tout cas.

La belle garagiste fit un sous-entendu dans la suite de ses paroles. Cela faisait six mois qu’il ne l’avait pas vue, et il n’était pas infidèle. Cela faisait donc six mois qu’il n’avait rien fait, et autant le dire, c’était vraiment long. Alors évidemment qu’il avait envie de la toucher, et de se sentir plus proche d’elle. De vraiment la retrouver en quelques sortes. Il sourit en coin, de façon malicieuse, tout en murmurant à son tour : « Ca peut s’arranger … » . Il se leva légèrement, la levant en même temps, pour finalement l’allonger sur le dos sur le canapé. Il s’installa sur elle et l’embrassa passionnément, histoire de lui faire comprendre qu’il avait envie d’elle. D’un côté, il voulait profiter du moment, re-posséder chaque partie du corps de sa fiancée de nouveau. Mais d’un autre, après six mois, il était quand même pressé. Il essayait donc de contenir ses gestes, mais il ne pouvait dissimuler sa hâte. Il glissa ses mains le long des hanches de la jeune femme pour au final lui retirer son haut, et le laisser tomber sur le sol. Il reprit possession de ses lèvres sans plus attendre, avec fougue et envie. Cette fois, il avait enfin conscience qu’il était de retour.

La discussion na tarda pas à prendre fin. En effet, après six mois passés loin l’un de l’autre, dont un sans nouvelle, le désir pointa le bout de son nez sans surprise. Les baisers, doux et amoureux dans un premier temps, devinrent rapidement passionnés et fougueux. Grayson ne contrôlait plus vraiment ses mains qui caressaient Roxanne à divers endroits, voulant se la réapproprier et la retrouver comme il se devait de le faire. Il l’allongea sur le canapé et se mit au-dessus d’elle, ne lâchant ses lèvres que l’espace de quelques secondes. Il la désirait plus que tout à ce moment précis, et absolument tout, dans ses gestes, dans son regard, pouvait indiquer à la jeune femme que c’était le cas. Il retira le haut de sa fiancée, et quelques instants plus tard ce fut le sien qui était retiré. Elle semblait aussi pressée que lui. Savourer l’instant c’était bien, mais après plusieurs mois difficile de vraiment prendre son temps. Sa peau se recouvrait de frissons au contact des mains de Roxanne. La belle voulut prendre le contrôle et inversa les rôles. Désormais, c’était Gray qui était allongé sur le canapé. Chose plutôt bien au niveau de sa santé, car sa jambe ne devait pas être trop sollicitée. Il se laissa faire et glissa une main dans les cheveux de sa belle lorsqu’elle commença à dévier ses lèvres sur son corps. Il serra ses doigts contre ceux de la jeune femme. Grayson l’aida à se débarrasser de ses vêtements et ne tarda pas à re-posséder chaque partie du corps nu de Roxy, que ce soit avec ses mains ou avec ses lèvres. Il la fixa lorsqu’elle commença à s’attaquer à son jean, le défaisant habilement. Gray ne pu s’empêcher d’y participer pour accélérer la cadence, et quelques instants plus tard il fut débarrassé de l’encombrant tissus. Son sous-vêtement ne tarda pas à suivre car il était plus que pressé de pouvoir s’unir avec Roxanne. S’étant redressé, il l’embrassa de nouveau avec fougue tout en l’approchant de lui pour ne plus faire qu’un avec elle. Cette fois, il la retrouvait vraiment et ce, avec passion et envie.

Un ultime mouvement leur permit d’atteindre le summum du plaisir. Les mains de Grayson restèrent logées dans le creux des reins de Roxanne l’espace d’un dernier baiser, et il se laissa doucement retomber sur le canapé, entraînait sa belle contre lui. Il tendit le bras pour chercher la couverture qui ne devait pas être bien loin. Vous savez, cette couverture que vous gardez dans le salon pour les soirées télé où il fait un peu froid. Il la trouva enfin et la tira pour la mettre sur eux afin de les couvrir. Il n’avait aucune idée de l’heure qu’il pouvait être, il savait juste que c’était la soirée. Il caressa doucement Roxanne dans le bas du dos et regarda le plafond tout en reprenant son souffle. Il se souhaita un silencieux « Bienvenue à la maison » qui cette fois, prenait vraiment toute sa dimension. « On devrait fixer une date pour le mariage. » . Il avait murmuré ça avec un certain détachement, non pas parce que c’était une phrase vide de sens, mais parce qu’il était un peu perdu dans ses pensées. Il y avait réfléchi tout le long du vol qui l’avait ramené en Amérique. Il n’avait plus envie d’attendre, maintenant qu’il était rentré c’était le moment de mettre ses projets en marche. Et puis ils se connaissaient depuis onze ans, cela faisait à peu près huit ans qu’ils étaient ensemble, ils étaient sûrs d’eux maintenant. C’était le moment, il n’avait pas, ou plutôt plus, envie d’attendre.

Grayson attira Roxanne contre lui après leur passionnée étreinte de retrouvailles. Il regardait le plafond sans vraiment le regarder, réfléchissant à diverses choses alors qu’il reprenait son souffle et qu’il réalisait enfin qu’il était bel et bien rentré chez lui. Il les couvrit d’une couverture puis exposa le sujet de ses pensées à voix haute, avec un air détaché qui résultait de sa demie-concentration. Il avait beaucoup réfléchi à cela, il était temps de le faire. Son incident et son mois passé dans un autre monde l’avait réveillé. A force de prendre son temps il n’allait rien faire pour finir. S’ils étaient sûrs, et ils l’étaient puisque sinon il n’aurait pas demandé Roxanne en fiançailles et elle n’aurait jamais accepté, il fallait célébré leur union. Il n’était pas particulièrement fan de certains aspects du mariage : l’énorme gâteau pas très bon, inviter des personnes qu’on connaissait à peine. Il trouvait au contraire que c’était très intime, il n’avait pas envie de partager ce moment avec 400 invités, dont la moitié ne serait que de vagues connaissances. Mais il voulait surtout faire plaisir à Roxy, alors si elle voulait un gros mariage il accepterait. Mais il doutait sincèrement que ce soit ce qu’elle voulait, elle était comme lui, du genre à préférer la simplicité et l’authenticité. Elle lui demanda si un jour en particulier lui plairait, et il ne savait pas trop. « Un jour ensoleillé. » . C’était sa seule exigence, et encore, s’il pleuvait ce n’était pas très grave. Il fallait qu’il discute aussi de ce qu’ils voulaient tous les deux, et elle aborda le sujet. Elle avait dit oui, et ensuite il était parti en Irak, donc il n’avait jamais vraiment discuté de cela. Lors de ses permissions, le sujet était davantage ce qu’elle avait fait, qu’y avait-il de nouveau, enfin tout ce qui s’était passé durant son absence. Résultat, ils ne s’étaient jamais mis d’accord. « Je préférerais quelque chose de petit, avec juste nos proches. Mais si tu veux une grand réception, ça peut se faire aussi. » . L’argent ne devait pas être un problème pour ce jour important, mais il était évident qu’ils n’avaient pas non plus un budget de 100 000 dollars. Ils ne roulaient pas sur l’or, bien que leur situation se soit améliorée depuis qu’il avait eut sa promotion.

Il posa son regard sur elle lorsqu’elle releva la tête. Il ignora également le téléphone qui vibrait, ça ne devait pas être bien important sinon sa belle aurait décroché. Et rien ne devait venir gâcher leur retrouvaille. Elle conclut assez bien sur ce qui était important dans le fait qu’il se marie. Il sourit, totalement d’accord avec elle. Mais il se redressa un peu en entendant la suite. En effet, il devait impérativement envoyer un message à sa jeune sœur. Il avait perdu son portable lors de l’explosion qui l’avait blessée, et ne l’avait donc plus. Il se pencha pour attraper le téléphone de sa belle, tout en demandant : « Je peux prendre ton portable ? » . Il n’attendit pas vraiment sa réponse, trop pressé d’envoyer un sms à sa sœur. Il déverrouilla le clavier et regarda rapidement le nom de la personne qui avait envoyé un message à Roxanne quelques instants plutôt. Sans trop y prêter attention, il demanda vaguement : « C’est qui Jayson ? » . Il alla dans le menu et créa un nouveau message : Gaby, je suis de retour d’Irak et il faut absolument qu’on se voit. Tu es ou ? Gray. . C’était rapide, mais il n’allait pas lui dire qu’elle lui avait manqué par message, il devait la voir. Il envoya l’écrit, attendit quelques secondes de recevoir l’accusé de réception puis posa le téléphone sur la table basse, qui se trouvait proche du canapé. Il glissa sa main dans les cheveux de sa fiancée pour les caresser doucement. Il avait 10 000 choses à faire : voir Gaby, voir ses amis, aller à l’hopital – ce qui était urgent en principe – aller à la base pour régler quelques détails, défaire ses affaires, dormir parce qu’il était vraiment fatigué, et encore pleins d’autres choses. Mais pour le moment, il préférait rester là avec Roxy dans ses bras.

Ils étaient tous les deux du genre à préférer rester dans la simplicité, s’entourant d’amis sincères avec qui ils pouvaient passer de très bons moments. Ils n’en avait parlé que quelques instants, mais déjà ils étaient totalement d’accord sur le genre de mariage qu’ils voulaient. Quelque chose de simple, d’élégant, avec leurs proches. Il fallait évidemment penser à beaucoup d’autres choses, mais au moins ils étaient sur la même piste. Ils allaient s’en charger rapidement, mais Gray devait prendre quelques jours pour revoir tous ses amis, tous ses proches qui avaient également du s’inquiéter. Toujours pleins de choses l’attendaient, et il était pressé de s’y atteler. « On réglera tout ça alors. » . Lieux, nourritures, vêtements, bagues, beaucoup de sujets qui les attendaient mais c’était aussi ça le mariage, des tonnes de préparatifs pas toujours très excitants. Mais il fallait le faire, et il avait vraiment envie que ce soit un super moment pour Roxanne alors il s’appliquerait. Il saisit son portable pour envoyer un message à sa sœur, histoire de la prévenir. Il fallait aussi qu’il pense à son frère, alors il se permit d’envoyer autre chose à ce dernier avant de reposer le téléphone. « C’est Gray. Je suis rentré, il faut qu’on se voit. ». Il avait hâte de les revoir, tous les deux. Après le drame familial qu’était leur vie, il s’en voulait d’avoir pu être des sources d’inquiétudes. Mais il était là maintenant. Il lui demanda qui était l’individu qui lui avait envoyé le message, mais juste par curiosité. Jayson ? Ha ouiiiii, le mécano. Il le connaissait en effet, c’était un de ses collègues. Mais il ne se rappelait pas qu’il était ami avec Roxanne. Enfin bon, elle avait du se faire de nouveaux amis, rien de plus. « J’ignorais que vous communiquiez par sms. » . Il haussa légèrement les épaules, n’y voyant rien de mal.

Mais là par contre, il mourait de faim. Il déposa un rapide baiser sur le front de Roxanne et se redressa sur le canapé. Il attrapa son boxer qui trainait par là et l’enfila. Il laissa la couverture sur sa fiancée, ignorant si elle voulait le suivre ou non. Il se leva et alla dans la cuisine qui était juste à côté. Il avait envie d’une montagne de trucs, tout ce qu’il ne pouvait pas manger en Irak. Il s’en donnait l’eau à la bouche rien que d’y penser. Gray ouvrit le frigo et chercha des yeux de la viande, mais évidemment, il n’y en avait pas. « Je vois que tu es toujours végétarienne. » . Il savait très bien qu’elle n’avait pas changé, et ce n’était pas un reproche. Mais il avait tellement espéré voir une cote de bœuf qu’il était déçu. Ce n’était pas grave, il allait bien trouver autre chose. Il se rapatria sur le congélateur et trouva une pizza – végétarienne bien sûr – qu’il prit. Il la sortit de son emballage et la mit dans un plat avant de la passer au four. Il n’avait vraiment pas envie d’attendre qu’elle soit cuite, alors il attrapa un morceau de pain qu’il tartina avec du beurre. Et oui, il avait vraiment faim pour se contenter de cela. Il commença à manger sa trouvaille tout en continuant de s’adresser à Roxy. « Et le garage, ça marche bien ? » . Il arrivait à sa fiancée de traverser des mauvaises passes avec son affaire, mais il espérait qu’elle était dans une bonne période. Non pas qu’ils manquaient d’argent, mais elle s’inquiétait toujours lorsque son commerce n’était pas au meilleur de sa forme. Et puis il avait tellement de projets en tête, qu’il voulait s’assurer qu’ils étaient envisageables.

Il n’ajouta rien sur le sujet Jayson, mais la dernière phrase restait dans un coin de sa tête. Soutenir quelqu’un, ça pouvait se faire de différente façon. Amicalement, il n’avait rien contre, mais c’était surtout l’idée que Roxanne s’était rapprochée d’un autre homme pendant son absence qui le dérangeait. Et puis, ils avaient déjà beaucoup d’amis, alors pourquoi avait-elle besoin d’un nouveau ? Il n’y avait sans doute aucune raison de raison de s’inquiéter, et aucun reproche à lui faire. Mais il n’allait pas oublier cette dernière petite phrase, juste au cas où. Quoiqu’il en soit, il enfila son sous-vêtement pour se rendre dans la cuisine. Il n’avait quasiment rien mangé depuis plusieurs heures, et il était plutôt du genre à avoir un gigantesque estomac. Il fallait dire qu’il se dépensait beaucoup, de par son travail. Mais il était aussi sportif, et s’entraînait à divers sports en dehors de ses horaires. Mais là c’était surtout qu’il n’avait rien avalé depuis le début de la journée. Alors il fit le tour du frigo, constant que sa copine était toujours végétarienne. Une pizza sans viande termina dans le four, et l’odeur commençait déjà à se répandre dans la pièce. Il avait l’eau à la bouche, cela faisait six moi qu’il n’avait pas avalé de pizza. Il fut rapidement rejoint par Roxanne, qui avait enfilé une de ses chemises. Elle commença à se préparer un café, sans doute décaféiné vu l’heure bien avancée de la soirée. Il l’observa du coin de l’œil s’allumer une cigarette, alors qu’il était en train de sortir des couverts et des assiettes. Il en prit deux d’ailleurs, car elle aussi devait avoir faim. Mais honnêtement, la pizza n’allait pas lui suffire même entière, alors il allait devoir trouver autre chose. Mais ce n’était pas la question pour l’instant. Il la questionna sur son travail, histoire de voir si la conjoncture actuelle lui était favorable. Un problème était récurrent, elle n’osait pas employer quelqu’un alors qu’elle en aurait bien besoin. « Il y a pleins de gens qui seraient prêts à bosser, même quelques semaines. Tu devrais essayer. Si ça se trouve, au final tu pourras le garder. » .

Il se planta devant le four et se balança d’un pied sur l’autre en attendait que ce soit prêt. Mais la minuterie lui annonçait qu’il fallait encore attendre. Il soupira alors que sa fiancée l’interrogeaient sur son emploi du temps du lendemain. Il avait beaucoup de choses à faire, surtout de personnes à revoir. Mais il avait des priorités évidemment. La famille d’abord, et il était pressé. La soirée, il allait la consacrer à Roxy, mais il allait très certainement se coucher tôt parce qu’il était crevé. « Il faut que je vois Andrew et Gaby. En principe je dois aller à l’hosto pour ma jambe, mais j’ai vraiment pas envie. » . Les médecins allaient lui dire qu’il ne devait pas faire de sport, qu’il devait se reposer et rester allongé toute la journée et ce, pendant une période assez longue. Et puis des béquilles ? Alors là pas question de rendre son invalidité plus visible qu’elle ne l’était déjà. Il ne voulait pas avoir l’air faible aux yeux de tous. Agacé d’attendre que sa pizza soit cuite, il s’approcha du rebord de la fenêtre où se trouvait Roxy et saisit sa cigarette. « Tu devrais arrêter avec ça. » . Il ne l’écrasa pas, mais il la reposa dans le cendrier. Elle fumait trop, beaucoup trop, et il avait déjà essayer de la faire arrêter mais elle s’y accrochait. Elle était complètement accro, et allait finir par avoir un cancer des poumons à 30 ans si elle continuait sur sa lancée. Et il n’avait aucune envie de la perdre, surtout à cause de cette bêtise.

Grayson voulait encourager sa fiancée à prendre un employé pour ne pas s’écrouler sur le poids de travail. Il était certains que de nombreux chômeurs viendraient proposer leur service, même si c’était uniquement pour quelques semaines. Les temps étaient dures, ce n’était pas le moment de cracher sur un peu de travail. Et si ça se trouvait, au final elle allait peut être pouvoir garder son nouvel employé si ça fonctionnait bien. Et puis, c’était vrai qu’il pourrait l’avoir un peu plus pour lui aussi. Ils ne risquaient pas de se croiser pour le moment, car avec sa blessure Gray était immobilisé pour une petit moment. « Je vais pas reprendre le travail très vite. » . Bonne nouvelle donc, ils allaient pouvoir passer pas mal de temps ensemble. Il s’approcha d’elle avant de lui enlever la cigarette des mains, sans la brusquer pour autant. Elle était accro, il le savait très bien, mais après ce qui lui était arrivé il considérait la vie trop courte pour prendre ce genre de risque inutile. Le soldat n’allait sans doute pas réussir à la motiver ce soir, mais avec les jours il allait bien finir par obtenir au moins une baisse de sa consommation, ce qui serait déjà une petite victoire. Gray considérait le « un jour » comme bien plus tôt que la jeune femme. En tout cas, son planning du lendemain s’annonçait très chargé, et il voulait à tout pris éviter la partir hôpital. Il avait déjà été soigné, donc ce n’était qu’une vérification. Mais il avait une idée en tête. Au lien d’aller là-bas, ou d’aller voir un simple médecin traitant, une personne de son entourage allait pouvoir l’aider. « J’irais voir Noelle alors, elle me dira si ça va ou non. » . Mais il était certains que ça allait, car si ça avait infecté ou empiré, il le sentirait en ayant plus mal. Il avait quelques médicaments de prescrits, pour faire passer la douleur et accélérer la guérison. Donc tout était dans l’ordre en principe.

Roxy s’éloigna de lui après l’avoir enlacé pour aller s’occuper du repas qui était prêt. Grayson ne se fit pas prier pour aller s’asseoir et enfin avaler quelque chose, car sa faim était loin d’être passée. Il fut même ravi de voir que sa fiancée allait manger autre chose et qu’il allait avoir la pizza pour lui tout seul. Il commença à dévorer sa pizza, tout en restant propre quand même, ne pouvant attendre une minute de plus. La jeune femme s’excusait de n’avoir rien préparé, ce qu’il ne pouvait laisser passer. « Mais non t’inquiètes pas, une pizza ça me va très bien. » . Il lui fit un petit sourire pour qu’elle vienne s’installer avec lui. Il avait encore du mal à réaliser que cela faisait à peine quelques heures qu’il était rentré. Il mangeait plus rapidement que jamais, engloutissant ce qu’il avait dans son assiette en une durée record. Tout en regardant autour de lui, il constata de la petitesse de la cuisine. Il allait sans doute mettre beaucoup de projets dans leur sujet de conversation aujourd’hui, mais il rentrait pressé. « On devrait déménager, acheter une maison avec plusieurs chambres et un jardin plus grand, pour Indy. » . Il était temps qu’ils avancent, et qu’ils parlent projets. Mariage, puis maison ensuite, ça allait peut être faire beaucoup en peu de temps pour Roxy. Il ne voulait pas l’effrayer non plus, mais ils étaient tous les deux sûrs désormais. Ce ne serait que concrétiser le fait qu’ils veuillent faire leur vie ensemble. Après, il fallait aussi discuter du nombre exact de chambres qu’il voulait, mais c’était encore une autre discussion. Pour le moment, il voulait juste savoir si elle aussi voulait commencer à chercher plus grand, à chercher un investissement durable de leur vie future. Tout en prononçant le chien de leur animal de compagnie, il chercha autour de lui. « D’ailleurs il est ou ? » . Le Saint Bernard ne passait pas inaperçu vu sa taille, il devait sans doute être dans le jardin de derrière la maison.

Il avait été peu précis concernant l’expression choisie : le travail. Il n’avait pas envie d’aborder ce sujet maintenant, car c’était trop récent et trop douloureux. Grayson savait très bien ce qu’il en était de sa carrière professionnel dans l’armée, mais il préférait garder cela pour lui, du moins pour le moment. Le sujet allait forcement revenir à l’ordre du jour, mais il en avait pour plusieurs mois avec sa jambe. Alors il allait prendre le temps de préparer le terrain, afin que sa fiancée et ses proches soient prêts à le revoir partir. Il préférait garder cela pour lui et après, il en parlerait. Mais après seulement. Il abordait d’autres thèmes pour le moment, et avait décidé de parler de leurs projets avec la jeune femme. Certains étaient en sommeil depuis trop longtemps à son goût. Le mariage, ils étaient d’accord tous les deux pour l’organiser sous peu. Mais Grayson avait envie d’aller vite, beaucoup plus vite. Une maison ce serait l’idéal, parce que ça leur permettrait de fonder une famille. Ils n’étaient pas encore là, mais dans la tête du soldat, ça allait bientôt arriver. Roxy préférait calmer le jeu et ralentir son fiancé, et elle n’avait pas tord. Il ne fallait pas griller les étapes. Gray ne s’en vexa pas, il savait qu’il parlait de beaucoup en peu de temps, alors qu’il venait tout juste de rentrer. « Oui, une chose à la fois. » . Ils n’en avaient jamais vraiment parlé, mais comme l’un et l’autre était plutôt simple, une maison chaleureuse avec un beau jardin leur suffirait. Pas besoin de piscine, de spa, de garage souterrain et de salle de cinéma. Mais assez de place pour une famille avec plusieurs enfants. Combien ? Il ne savait pas trop encore, mais plusieurs ça il en était sûr. Il était vrai que financièrement, ils étaient justes. « On devrait pouvoir obtenir un prêt de la banque. Je ne m’en fais pas trop pour cela. » . Il avait une situation stable, et un salaire croissant, de quoi rassurer les prêteurs.

Elle s’approcha de la porte pour aller ouvrir à Indy, qui était sans doute en train de profiter du jardin de derrière. Ce dernier était trop petit pour un chien de cette taille, mais Indy était heureux quand même, heureusement. Gray regarda la bête s’approcher de lui et lui donna plusieurs caresses sur la tête. Comme d’habitude, elle reconnaissait son maître et semblait ravie de le retrouver. Après, il n’était pas non plus dans l’esprit de l’animal, mais il se plaisait à croire cela. Après avoir eut sa dose d’affection, le chien s’éloigna pour aller boire un peu d’eau dans sa gamelle, avant de s’allonger sous la fenêtre pour profiter de la fraîcheur qui s’en dégageait. Le soldat se leva et ouvrit un placard pour attraper une boîte de biscuits au chocolat, point final de son repas. Il en avala un en quelques bouchées et en pris aussitôt un autre. Il se tourna vers la jeune femme. « Je crois que j’vais pas tarder à aller me coucher. » . Son corps étaient encore endolori des semaines passées allongé, et sa jambe lui faisait mal. D’autant plus qu’il se sentait fatigué après les heures d’avion, et les jours difficiles qu’il avait passé. Mais il s’en voulait un peu, à peine rentré qu’il voulait déjà aller se coucher. « Tu imaginais sans doute mieux comme soirée pour mon retour. » . Il lui fit un faible sourire, il allait se rattraper sans aucune doute.

Grayson ne tenait plus. Le manque de sommeil, le décalage horaire, le voyage, les dures temps qu’il avait passé … L’adrénaline et l’énergie qu’il avait lorsqu’il était arrivé retombait pour laisser place à une très lourde fatigue qui lui faisait presque flancher les épaules. Il était tôt, mais peu important. Il avait perdu la notion du temps depuis plusieurs semaines, et il lui faudrait sans doute quelques jours avant de la récupérer. Car en Amérique, comme partout ailleurs, il y a un temps pour un dormir, un temps pour manger, un temps pour travailler. Pour l’instant, il voulait faire la plupart de ces choses mais dans un ordre un peu chamboulé. Il espérait que Roxy ne lui tiendrait par rigueur des bizarreries dont il allait inévitablement faire preuve dans les jours à venir. Ce n’était pas la première fois qu’il rentrait après une mission de plusieurs de mois, mais là c’était totalement différent. Il fut cependant rassuré de constater que sa belle comptait le suivre dans son projet d’aller se coucher tôt. Sans doute ne voulait-elle pas le lâcher maintenant qu’il était de retour auprès d’elle, et ce n’était pas pour déplaire au jeune soldat. Cette raison se confirma peu après, lorsqu’elle affirma vouloir profiter de lui. « Je suis tout à toi. » répondit-il avec un petit sourire, évitant soigneusement de préciser qu’il n’allait pas repartir, pour le moment seulement.

Il ne se fit pas prier lorsqu’elle lui proposa de partir devant. Il avait peine à se lever, sa jambe lui tirait et il ne boitait même plus, mais marchait à cloche-pied tellement il ne supportait plus la douleur lorsqu’il la posait à terre. Ce n’était que le résultat d’un cruel manque de sommeil, son corps n’était pas disposé à tolérer davantage la douleur à cause d’un manque d’énergie. Il atteint la salle de bain à sa plus grande joie. Rien ne manquait, ses affaires étaient là. Il les avait en double, pour le front et pour la maison. Il se passa de l’eau rafraîchissante sur le visage et grimaça en passant sa main sur sa barbe. Il devait raser cette horreur, mais cela pouvait attendre le lendemain. Il attrapa sa brosse à dents et entreprit de s’en servir pour son usage habituel, avant de se rincer et de regagner la jambe, toujours sur une seule jambe. Il s’approcha de son lit. Oh son lit, quelle petite merveille de technologie. Finis les lits de camps inconfortable et tout petit, là il allait avoir un vrai et superbe matelas sous lui. Il rêvait déjà de pouvoir étaler sa jambe dessus. Il prit quelques secondes pour observer la chambre, impeccablement rangée étant donné les tendances maniaques de sa copine. Il s’assit enfin sur le lit et se glissa sous les couvertures, savourant ce confort qui lui avait tant manqué. Sa jambe, enfin au repos, semblait elle aussi être soulagée car la douleur chuta rapidement sans pour autant disparaître. Il devrait prendre un médicament, pour ne pas qu’elle l’embête, mais il avait trop la flemme de se lever et c’était supportable. Il attendit Roxy, mais elle ne devait pas tarder à venir car il n’allait pas lui falloir de longues minutes pour s’endormir.