plus immature, tu meurs...
ANDREW & LOUBNA

2 heures du matin. Le téléphone sonna ce qui m’arracha de mon paisible songe. Mon cœur battait la chamade quant à la brutalité du réveil et l’heure à laquelle ce lambda décida à m’appeler. Je m’emparais du téléphone complètement sonné, tandis que Bouboule avait décidé de commencer la nuit à côté de moi, sur le lit. Je ne regardais pas le numéro, reconnu assez rapidement la voix d’Andrew. Ces jeunes, plus aucune notion du temps, le problème de réseau fit que je ne comprenais pas grand-chose à ce qu’il racontait. Il était essouflé, et je tentais de comprendre ce qu’il essayait de me dire :


« Ok, j’arrive ! Tu es où exactement, et d’où est ce que tu m’appelles ? »


Il m’expliqua qu’il était à la sortie de la ville, devant un motel fréquenté par les maris peu fidèles et les prostituées de la ville. La cabine téléphonique qu’il utilisait ne fonctionnait pas très bien, et c’est après ces brèves instructions qu’il raccrocha. Je me préparais en un rien de temps, réveillant Bouboule pour qu’il m’accompagne, et démarra la voiture. Andrew avait tendance à enchainer les conneries, je l’avais souvent mis en garde contre les magouilles dont il était mêlé, mais il n’écoutait pas. Son frère étant un bon ami, du moins l’époux d’une de mes meilleures amies je me voyais mal le laisser se démerder seul. Avec le temps, j’avais fini par m’y attacher à ce garnement. Les rues commençait à se vider, et plus je m’éloignais de la ville, plus je commençais à paniquer.


J’arrivais bientôt au motel en question. Ce n’était pas la première fois que je m’y rendais pour récupérer quelqu’un. J’en eux des frissons. Je descendis de mon véhicule, suivit de mon méchant bulldog incapable de faire mal à une mouche. Et je verrouillais les portes de ma voiture. J’entrais demander à un monsieur pas très commode s’il y avait une cabine d’appel pas loin. Je vis Andrew allongeait par terre, feintant l’inconscience. Je soupirais… Dans quoi avait-il encore mis la tête, il allait rendre ses proches complètement dingue. J’allais vers lui, tandis qu’il se levait prêt à faire l’intéressant. S’il n’étais pas déjà bien amoché, je lui aurais bien rendu son compte :


« Tu sais ce que tu es ? Un pauvre con, complètement inconscient !! »


Je continuais à râler tandis que nous étions en route pour l’hôpital. D’ailleurs, il refusait que je l’y emmène, menaçant de se jeter par la voiture, si je ne le déposais pas chez moi !

Andrew s'était foutu dans une sacrée merde. Dernièrement, il avait essayé de se mettre au poker et dans quelques petites arnaques en plus. Il n'avait pas été seul, ils avaient triché pour se faire un paquet d'argent. Ils s'étaient vite enfui et ça faisait deux semaines qu'il n'avait pas de nouvelle. Personne n'était venu le tabasser du coup il s'était dit qu'ils avaient laissé couler. Eh bien non. Ils avaient juste attendu qu'il ne soit plus sur ses gardes pour faire apparition et lui régler son compte. Ils s'étaient mis à trois sur lui. Il avait tout d'abord essayer de lutter, de répliquer, mais un coup de batte l'avait mis à terre et alors là c'était la fin pour lui. Il se faisait ruer de coups et ne pouvait pas se relever. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était se mettre en boule, protéger sa tête et attendre qu'ils terminent. Ils lui firent les poches et lui prirent les 200 dollars qu'il avait sur lui. Quelle idée de se balader avec autant sur lui aussi... Mais ils lui prirent aussi sa montre, son téléphone et sa gourmette.

Il se releva tant bien que mal. Il souffrait mais c'était pas comme si c'était la première fois. Il demanda à un passant s'il n'avait pas quelques pièces pour un rapide coup de fil. Il eut tellement pitié en voyant son état qu'il les lui donna tout en précisant qu'il prierait pour lui en rentrant. Ouais, bien sûr, comme si ça allait le guérir en un claquement de doigt...

Il appela Loubna, ne faisant pas attention à l'heure. En l'attendant, il s'allongea sur le trottoir, complètement pété.

Elle arriva et il se releva en grimaçant. Il ne les avait vraiment pas senti venir ceux-là. Il les avait même oubliés, sinon il se serait arrangé pour être armé. Ne serait-ce qu'avec un couteau. Mais bon, ça lui donnait une bonne leçon : il faut toujours sortir armé.

« Tu sais ce que tu es ? Un pauvre con, complètement inconscient !! » Ça avait le mérite d'être clair. Mais il était tout de même content de la voir. Il savait qu'il pouvait compter sur elle, tout comme elle pouvait compter sur lui.


- Moi aussi j'suis content de te voir.


Dit-il avec un petit sourire provocant. Il la trouvait sexy lorsqu'elle s'énervait à cause de lui, du coup il en rajoutait une couche. Il monta dans la voiture avec elle tout en donnant une caresse à Bouboule. Captant qu'elle prenait le chemin de l'hôpital, il se redressa rapidement. Il en était hors de question.


- Nan nan nan Loubna ! On va pas à l'hôpital ! Ils vont me poser tout un tas de questions et si j'y réponds pas ils vont encore appeler les flics, ça va me mettre dans la merde j'peux pas me permettre d'y aller... Loubna s'il-te-plait ! J'te préviens si tu m'y emmènes j'me jette de la voiture, j'y mettrais pas les pieds à ton putain d'hôpital !


Il posa sa main sur la poignée de la porte pour lui montrer qu'il ne plaisantait pas. Il préféra calmer le jeu, voyant déjà qu'elle n'était pas de très bonne humeur. Il l'avait connue beaucoup plus joyeuse.


- Écoute si ça te dérange pas on se pose chez toi, je prends une douche bien fraiche, on joue au docteur si tu veux et c'est bon, ça passera. J'ai l'habitude de me faire tabasser, c'est pas la première fois et ce n'est pas la dernière. J'me suis protégé la tête alors c'est bon, j'peux pas avoir quelque chose de grave.


Oui, il lui avait bien proposé de "jouer au docteur", il ne changerait jamais.