La chambre de maître était plongée dans la pénombre. Le soleil était pourtant déjà haut dans le ciel d'Austin mais, les rideaux avaient été tiré pour y parer. Le silence uniquement troublé par le grattement de mon crayon sur le papier n'était pas désagréable. Assis dans un fauteuil proche du lit, je levais les yeux pour observer mon modèle, Sebastian. Endormis en travers du matelas, il n'était couvert en tout et pour tout que par un drap qui laissait apparaitre son torse finement ciselé. Force m'était d'admettre que si je détestais l'idée de voir mon compagnon s'éloigner pour servir son pays, je n'avais rien contre le résultat de ses nombreux et intensifs entraînements. Je laissais mon regard s'égarer à l'aurait du tissu pour finalement remonter jusqu'au visage paisible de mon ami. Mon seul regret était de ne pouvoir apercevoir ses magnifiques prunelles émeraudes qui me transperçaient à chaque coup d'oeil. Il bougea légèrement, étirant la jambe qu'il avait replié jusqu'alors et ses sourcils se froncèrent quelque peu. Je restais immobile pour tenter de ne pas le réveiller mais, cela ne fut visiblement pas suffisant. «
Me dis pas que tu me dessines? » interrogea-t-il alors qu'un sourire en coin étirait ses lèvres. Celui-ci fut communicatif. Il n'avait même pas ouvert ses paupières. «
Tu sais que je ne peux pas résister lorsqu'un modèle s'offre à moi. » répliquais-je, amusé. Un léger rire sorti de sa gorge avant qu'il ne daigne tourner la tête dans ma direction et ouvrir un oeil. «
Qui s'offre à toi... J'ai fait ça, moi? » ajouta-t-il faussement étonné. Mon sourire s'agrandit et je déposais mon carnet à dessin sur la table de chevet non loin. «
Yep. » Me levant, je montais sur le bord du lit et me glissait tel un prédateur jusqu'à ma proie. «
Tu l'as fait. Fait. Fait. Et refait encore. » Je terminais ma litanie en m'emparant de ses lèvres si tentante. L'une de ses mains alla se perdre dans mes cheveux pour m'attirer à lui, me faisant perdre mon équilibre précaire. Je me retrouvais allongé de tout mon long sur son corps. «
Et encore. » ne puis-je m'empêcher d'ajouter alors que nous rompions notre baiser. Front contre front, j'étais obligé de loucher pour le regarder mais, je comptais bien graver coute que coute chacun de ses traits de la manière la plus précise possible dans mon esprit. A son regard, je savais qu'il faisait de même. «
Dieu, que j'aimerais rester comme cela et ne plus jamais bouger. » murmurais-je. Son regard vert, qui tirait aujourd'hui étrangement sur le bleu, se fit un court instant plus triste puis, sa nature reprit le dessus. «
Je ne préférerai pas... Tu m'écrases le genou et je ne le sens déjà pratiquement plus! » Faussement outré, je lui lançais un regard courroucé avant de rouler à côté de lui dans le lit. Je croisais les bras, boudeur. Il ne se passa pas plus de quelques secondes avant que je ne sente les siens m'encercler pour me ramener contre lui. Il vint nicher son visage contre mon cou, ses lèvres s'y égarant un instant. «
Tu vas me manquer aussi. » Je ne voulais pas le voir partir. Pas encore. Je ne me souvenais que trop bien de la peur constante qui me tordait l'estomac lorsqu'il quittait le pays pour l'Irak. Je ne voulais pas le perdre. Je le serrais avec force. L'une de ses mains me caressa le dos, se voulant rassurante. Je me tordis le cou pour l'embrasser tendrement du bout des lèvres. Sa main descendit doucement le long de mon corps me faisant frissonner mais, s'arrêta soudainement au niveau de l'une des poches de mon jeans. Et merde. «
Qu'est-ce que c'est? » demanda-t-il en se redressant légèrement. «
Rien. Je... » Trop tard. Curieux de nature, il venait de sortir la petite boîte de velours noir de sa cachette. Cachette était certes un bien grand mot. Je ne m'en séparais plus que rarement depuis quelques temps. Attendant le moment idéal pour... Bref, c'était fichu. Je reportais toute mon attention sur mon compagnon qui fixait l'objet comme paralysé. Les émotions se succédaient sur son visage, dominé par l'étonnement. «
C'est..? » commença-t-il, incertain. Me mordant la lèvre inférieure, je finis par acquiescer avant de me redresser et de m'asseoir. Il en fit de même par automatisme. Lui prenant délicatement l'écrin des mains, je l'ouvris tout aussi prudemment. Il papillonna des paupières ayant visiblement beaucoup de mal à réaliser. Je sentis ma gorge se serrait. Au moment ou je me décidais à parler de nouveau, il me devança. «
Je croyais que tu voulais attendre. Pour les élections, tu ne voulais pas que... »,«
J'étais un idiot! » le coupais-je. Et je le pensais sincèrement. Son regard passa de mon visage à l'expression déterminée à l'anneau en or qui trônait dans ma paume. Il tendis la main pour l'effleurer du bout des doigts. A la manière dont il fronçait les sourcils, je savais qu'il réfléchissait et aux vues de son caractère, plus le temps passé, plus mes chances d'obtenir une réponse positive s'enfuyaient. «
Desmond, je... » Une claque. Voilà ce que je venais de prendre. Mes doigts crispaient firent claquer l'écrin qui se referma tandis que je serrais la mâchoire, tête basse. Il refusait. Pourquoi? J'avais beau tourner et retourner ce mot dans mon esprit, j'étais incapable de le prononcer. Il se rapprocha et bientôt, je sentis ses mains prendre possession de mon visage, m'obligeant à relever les yeux vers lui. «
Eh, tu sais que je t'aime. Tu sais que je veux être avec toi mais, je pense à ta carrière. C'est important pour toi et je le sais. Tu ne peux pas te permettre... Je ne peux pas permettre que tu risques de perdre des voix à cause de moi... Et imagine que... Que je ne revienne pas. Je veux dire... »,«
Non! Je t’interdis de dire ça! Tu reviendras. Tu es obligé de revenir. Tu m'entends? » l'arrêtais-je, les larmes de tristesse et de frustration me montant aux yeux. Il n'acquiesça que très vaguement. Je savais que tout ce à quoi je ressemblais en cet instant était un enfant gâté et capricieux mais, c'était le dernier de mes soucis. Je laissais tomber la boîte sur le matelas pour à mon tour attraper son visage et le rapprocher de moi. Je l'embrassais, sur chaque parcelle de ce dernier que je pouvais atteindre. «
Promets-moi que tu reviendras. Promets le moi. »