Quelques semaines plus tard, alors que j'étais en train de désinfecter la plaie d'un de nos soldats, une lettre arriva pour moi. Sur le coup je trouvais ça bizarre. Non pas parce que mes parents ne m'en envoyaient plus, mais parce que j'en avais déjà reçu une de leur part ce matin. Je regardais donc intrigué le dos de la lettre et fronça des sourcils lorsque je vis le nom de ma petite soeur. Je terminais ce que j’étais en train de faire puis parti m'asseoir sur une caisse pour la lire.

Citation:
Cher Jeremiah,

Ca fait maintenant plus de 9mois que tu es partis et il faut que tu saches que tout ne va pas bien ici. Papa et Maman ont beau te raconter de jolies choses dans leurs lettres, ce ne sont que des mensonges. La vérité c'est que depuis que tu es parti, ils sont au plus mal, la ferme ne tourne plus et tout a changé ici.
Tout ça parce que tu as décidé de t'en aller et être infirmier. Oui, c'est peut-être dur ce que je dis mais c'est la vérité. Tu savais très bien que Papa avait toujours espéré que tu reprennes la ferme et toi... non ! Tu te pensais trop bien pour ça peut-être... Maintenant tu es à l'autre bout du monde, à risquer ta vie, à soigner d’autres gens et tu nous as laissé tout seul. Tu as préféré l'armée, ta carrière, à ta famille. Même moi... j'avais besoin de toi, de mon grand frère et tout ce que j'ai, c'est un petit mot dans une lettre toutes les deux semaines. Je sais au fond de moi que tu ne peux pas faire mieux, mais je t'en veux tellement. Ça ne devait pas se passer comme ça... Tu devais être infirmier dans un hôpital, m'aider à passer les bons et mauvais moments et être là quoiqu'il arrive. Aujourd'hui, tout est différent.

Malgré tout, j'espère tu vas bien et que tu vas bientôt rentrer.
Prend soin de toi. Numa


Je refermais la lettre et serrait la mâchoire, blessé, confus et coupable. Jamais elle ne m'avait parlé comme ça et jamais j'aurais pensé que ça se passe aussi mal là-bas. Allez savoir, ça me réconfortait peut-être de m'imaginer que tout ce qu'ils me disaient dans leurs lettres étaient vraies. Je pris une grande inspiration puis tenta tant bien que mal de reprendre mes esprits. Même si ce qu'il y avait d'écrit me blessait au plus profond, je ne pouvais pas le laisser paraitre. J'étais sur le terrain et je devais rester concentré. Je glissais donc la lettre dans ma poche et reparti au travail espérant oublier pendant quelques heures que ma soeur me détestait et que j'avais tout foutu en l'air.